À Siguiri, la célébration de la Tabaski a pris une dimension culturelle vibrante. Au-delà du rite religieux, la ville a fait revivre ses traditions ancestrales à travers les danses Djagbè et Kondén, symboles d’identité et de transmission intergénérationnelle.Comme chaque année, la Tabaski aussi appelée Aïd el-Kebir a été célébrée avec ferveur à Siguiri. Mais cette année, l’événement a pris une coloration toute particulière. Dans les rues animées de la ville, entre les sacrifices rituels et les rassemblements familiaux, une autre flamme s’est allumée : celle de la culture vivante.

Les danses Djagbè et Kondén, véritables piliers de la tradition malinké, ont résonné comme un écho du passé dans un présent en quête de repères.
« C’est dans ces moments qu’on sent que nos racines sont encore bien vivantes », confie Mamadi Doumbouya, un habitant du quartier Nafadji. « La danse Djagbè me rappelle ma grand-mère, elle y participait chaque année. »
Dans les cours des maisons, les femmes, vêtues de pagnes chatoyants, ont exécuté le Djagbè — danse de réjouissance rythmée par les percussions et les chants. Elles y célèbrent la vie, la fertilité, la solidarité. Un peu plus loin, les enfants, méconnaissables sous leurs costumes colorés, ont incarné les redoutables mais amusants Kondén, esprits masqués de la tradition. Accompagnés de chants et de tambours, ils ont fait rire, courir et danser les plus jeunes, dans une atmosphère de fête populaire.
Pour Fatoumata Kaba, enseignante et militante culturelle, cette présence des traditions dans les célébrations religieuses est cruciale :
« Le Kondén n’est pas qu’un divertissement. C’est un messager, un gardien de la mémoire collective. Le faire danser à Tabaski, c’est dire que l’Islam et la culture locale peuvent coexister harmonieusement. »
Au-delà de l’aspect festif, cette mise en avant du patrimoine est aussi un acte de résistance. Résistance contre l’oubli, contre l’uniformisation culturelle. Dans une région marquée par les défis socio-économiques et l’exode rural, chaque danse devient un rappel de ce que l’on est, et de ce que l’on ne doit pas perdre.
À Siguiri, la Tabaski 2025 a donc été plus qu’un simple rituel religieux : elle a été une célébration de l’âme du peuple.
Ecrit par Mamadou Aliou Diallo