Tamita, Boffa – Les habitants de la commune rurale de Tamita, dans la préfecture de Boffa, expriment leur ras-le-bol face à la pollution atmosphérique provoquée par le passage incessant des camions miniers de la société Kimbo. Chaque jour, des dizaines de poids lourds soulèvent un nuage de poussière sur les pistes non bitumées, au détriment de la santé publique et de l’environnement local.
Un air irrespirable au quotidien
Les témoignages des riverains sont sans équivoque : « On ne peut plus respirer normalement, même nos enfants toussent tout le temps », déplore une habitante du village. Les particules fines générées par la poussière affectent particulièrement les personnes âgées, les enfants, et ceux souffrant de maladies respiratoires. De nombreux cas de toux chronique, d’irritations oculaires et de crises d’asthme sont rapportés, sans compter la dégradation des cultures et la poussière qui envahit les habitations.

Le silence assourdissant des autorités locales et de l’entreprise
Malgré les multiples plaintes des populations, aucune action concrète ne semble être engagée par les autorités locales ni par l’entreprise Kimbo pour atténuer les nuisances. Le manque d’arrosage régulier de la route, le non-respect des normes environnementales et l’absence d’un plan de mitigation à long terme soulignent un mépris flagrant des droits des communautés riveraines.
La responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE), pourtant régulièrement mise en avant dans les discours officiels, semble ici être réduite à un simple argument de communication. On est en droit de se demander si les profits miniers doivent systématiquement primer sur la santé humaine et la protection de l’environnement.
Vers un bras de fer social ?
Face à l’indifférence, les populations de Tamita commencent à s’organiser. Des réunions communautaires s’enchaînent et certains leaders locaux n’excluent pas de recourir à des manifestations ou à des barrages pour se faire entendre. La paix sociale, souvent fragile dans les zones minières, pourrait être compromise si les doléances des habitants ne trouvent pas de réponse rapide et adéquate.
Une question de justice environnementale
Au-delà du cas spécifique de Kimbo à Tamita, cette situation met en lumière un problème plus large en Guinée : l’absence de mécanismes de contrôle efficaces dans le secteur minier. Entre les promesses d’investissements et les réalités vécues par les populations, un gouffre subsiste. Tant que les principes de justice environnementale ne seront pas respectés, les tensions entre entreprises minières et communautés risquent de s’amplifier.
Ecrit par Mamadou Aliou Diallo