Depuis la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, les relations avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sont devenues particulièrement tendues. En janvier 2024, ces trois États ont officiellement annoncé leur retrait de l’organisation régionale, dénonçant des ingérences et des sanctions jugées injustes. Face à cette crise régionale, l’ancien président ghanéen, John Dramani Mahama, mène une mission diplomatique cruciale pour rétablir un dialogue entre l’AES et la CEDEAO.

Une Mission Diplomatique à Haut Risque
Envoyé spécial de la CEDEAO, John Dramani Mahama a entamé une tournée diplomatique en mars 2025 pour tenter de rapprocher les positions des deux blocs. Cette mission a débuté par une visite à Bamako, où il a rencontré le président de la transition malienne, le général Assimi Goïta. Les discussions ont porté sur la nécessité de reconstruire un climat de confiance entre les États de l’AES et la CEDEAO. Mahama a insisté sur l’importance d’un dialogue fondé sur le respect mutuel et la souveraineté des États.
Après Bamako, l’ancien président ghanéen s’est rendu à Niamey, où il a été reçu par le général Abdourahamane Tiani, chef de la junte nigérienne. La rencontre a mis en lumière la volonté du Niger de renforcer les relations d’amitié et de coopération avec les autres pays de la région, malgré son départ de la CEDEAO. Mahama a souligné que la porte du dialogue restait ouverte et qu’il était possible de trouver un compromis bénéfique pour toutes les parties.
L’AES, Nouvelle Puissance Régionale en Quête de Légitimité
L’un des principaux points de friction entre l’AES et la CEDEAO concerne la reconnaissance officielle de cette nouvelle alliance. Les dirigeants du Mali, du Burkina Faso et du Niger estiment que leur organisation régionale est une alternative viable à la CEDEAO et qu’elle doit être considérée comme un acteur légitime sur la scène ouest-africaine. Lors de son déplacement à Ouagadougou, Mahama a échangé avec le capitaine Ibrahim Traoré sur cette question, soulignant qu’un dialogue ouvert pourrait permettre d’éviter une rupture totale entre les deux blocs.
Pour la CEDEAO, le retrait des trois pays constitue un défi majeur, tant sur le plan économique que sécuritaire. L’organisation régionale craint un affaiblissement de la coopération en matière de lutte contre le terrorisme, alors que le Sahel reste en proie à une insécurité grandissante. La médiation menée par Mahama vise donc à explorer des voies de coopération alternatives qui pourraient satisfaire à la fois l’AES et la CEDEAO.
Un Futur Incertain, mais une Lueur d’Espoir
Si la mission de John Dramani Mahama ne garantit pas un retour immédiat des pays de l’AES au sein de la CEDEAO, elle marque néanmoins une avancée vers une possible réconciliation. Les échanges entre les dirigeants de l’AES et l’émissaire de la CEDEAO montrent une volonté d’apaisement et de discussion sur des questions essentielles comme la sécurité régionale et la coopération économique.
L’avenir des relations entre l’AES et la CEDEAO dépendra de la capacité des deux parties à surmonter leurs différends et à définir un cadre de collaboration qui respecte les aspirations des États membres. La médiation en cours représente ainsi une opportunité de construire un nouveau modèle de coopération régionale, adapté aux réalités politiques et sécuritaires du Sahel.
En attendant, les regards restent tournés vers les prochaines étapes de cette diplomatie délicate, où chaque geste et chaque déclaration pourront peser dans la balance d’une réconciliation encore fragile.
Ecrit par Mamadou Aliou Diallo