Depuis plusieurs années, une nouvelle drogue de synthèse, le « kush », se propage en Afrique de l’Ouest, notamment en Sierra Leone, au Liberia, en Guinée et en Gambie. Cette substance hautement addictive et peu coûteuse entraîne une crise sanitaire majeure, mettant en péril la jeunesse africaine et les systèmes de santé locaux.

Une substance synthétique aux effets alarmants
Le kush est un mélange de composés chimiques, principalement des opioïdes synthétiques de type nitazènes, 25 fois plus puissants que le fentanyl, ainsi que des cannabinoïdes synthétiques. Fabriqué dans des laboratoires clandestins, il résulte de la transformation de précurseurs chimiques importés d’Asie et d’Europe en un liquide psychoactif pulvérisé sur du matériel végétal destiné à être fumé.
Sa consommation de drogue entraîne de graves effets secondaires : paralysie temporaire, perte de conscience, crises convulsives et troubles psychiatriques sévères. La hausse des décès liés à la drogue met sous pression les infrastructures sanitaires, avec des morgues saturées et des crémations collectives organisées dans certaines villes.
Une expansion rapide et préoccupante
Apparu en Sierra Leone à la fin des années 2010, le kush s’est rapidement propagé dans la région d’Afrique de l’Ouest. Son faible coût le rend particulièrement accessible aux jeunes, principales victimes de cette épidémie de toxicomanie. Dans les quartiers défavorisés, cette drogue dangereuse accentue les problèmes de criminalité, de santé publique et d’insécurité sociale.
Une réponse étatique encore insuffisante
Face à l’ampleur du phénomène, les gouvernements d’Afrique de l’Ouest ont déclaré l’état d’urgence en avril 2024. Des opérations de répression ont permis de démanteler des réseaux de trafic de drogue, mais la réponse reste incomplète. Une approche globale est nécessaire, combinant prévention de la toxicomanie, sensibilisation sur les dangers des drogues et prise en charge des personnes dépendantes.
Les services de santé publique, déjà sous-financés, peinent à gérer l’afflux de patients toxicomanes souffrant des effets du kush. Le manque de centres de désintoxication et de structures de soins en santé mentale réduit les possibilités de traitement contre l’addiction et de réinsertion des consommateurs de drogue.
Vers une coopération régionale et internationale
Pour freiner la propagation du kush, une réponse coordonnée à l’échelle internationale est indispensable. Un meilleur contrôle des circuits d’importation des précurseurs chimiques, des campagnes de sensibilisation contre la drogue et une amélioration des services de soins sont autant de leviers nécessaires pour endiguer cette crise sanitaire. Lutter contre cette drogue destructrice implique l’engagement des États africains, des organisations internationales et des acteurs de la société civile. Il devient urgent d’agir afin de protéger une génération menacée par la toxicomanie.
Ecrit par Mamadou Aliou Diallo