Ces dernières semaines, la Guinée a été secouée par une série de manifestations à Conakry, la capitale, où les tensions politiques ont franchi un nouveau seuil. Alors que la junte militaire, dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya, au pouvoir depuis le coup d’État de septembre 2021, poursuit sa transition politique, l’opposition et une grande partie de la population dénoncent un prolongement indéfini du régime militaire.

Un climat de tension à Conakry
Le 6 janvier 2025, une manifestation de grande envergure a été organisée par des partis d’opposition et des activistes pour exprimer leur mécontentement face au retard dans la transition démocratique. Bien que les autorités aient interdit cette manifestation, des milliers de personnes ont défilé dans les rues de la capitale, réclamant un retour à l’ordre constitutionnel et un calendrier précis pour les élections présidentielles.
La mobilisation a paralysé une grande partie de Conakry, où les commerces sont restés fermés et les transports publics perturbés. L’absence de réaction du gouvernement face à ces événements et les actes répressifs qui ont suivi ont exacerbés les tensions et alimenté la colère populaire. Les manifestants exigent le départ des militaires et la libération des détenus politiques, souvent emprisonnés dans des conditions de plus en plus difficiles.
Une répression accrue
Le régime en place n’a pas hésité à recourir à la violence pour disperser les manifestations, avec des témoignages faisant état de l’utilisation de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et d’arrestations arbitraires. Cette répression brutale s’inscrit dans un contexte de durcissement des mesures contre les partis politiques, après que plusieurs d’entre eux ont été dissous ou suspendus pour soi-disant activités illégales.
En plus des répressions physiques, des préoccupations majeures émergent concernant la disparition de deux figures de l’opposition, Oumar Sylla (Foniké Mengué) et Billo Bah, qui ont été enlevés par les forces de sécurité en juillet 2024. Leurs familles et partisans réclament leur libération et dénoncent le silence assourdissant du gouvernement à ce sujet.

Les défis de la transition
La Guinée se trouve à un carrefour politique crucial. La junte, dirigée par Doumbouya, avait promis un retour rapide à la démocratie après le renversement de l’ex-président Alpha Condé. Cependant, deux ans après le coup d’État, les attentes populaires restent insatisfaites et le prolongement de la période de transition suscite de plus en plus d’inquiétudes.
Certains observateurs internationaux et organisations des droits de l’homme ont exprimé leurs préoccupations face à la dérive autoritaire du gouvernement militaire. Les arrestations de figures de l’opposition, les fermetures de partis et les violations des droits fondamentaux font craindre une régression démocratique en Guinée. Le dialogue entre le gouvernement et les forces politiques semble s’être essoufflé, rendant la situation de plus en plus complexe.

Un avenir incertain
Les manifestations en Guinée ne sont pas simplement des événements de protestation, mais le signe d’une insatisfaction profonde face à la gouvernance militaire et à la lenteur du processus de transition. Si la situation ne s’améliore pas rapidement, le pays pourrait s’engouffrer dans une période d’instabilité prolongée.
Face à cette crise politique, le peuple guinéen semble déterminé à continuer sa lutte pour la démocratie et la justice sociale. Reste à savoir si les autorités actuelles seront prêtes à répondre à ces aspirations ou si elles choisiront de continuer à réprimer la voix du peuple. L’avenir politique de la Guinée est plus que jamais incertain, et les manifestations actuelles en sont un avertissement clair.
L’évolution de la situation en Guinée est suivie de près par la communauté internationale, qui appelle à une solution pacifique, à un dialogue inclusif et au respect des droits humains pour éviter une nouvelle dérive autoritaire. La lutte pour la démocratie en Guinée est loin d’être terminée.
Ecrit par Mamadou Aliou Diallo