Transhumance Guinée-Mali : les raisons du report au 2 mai 2025

La transhumance transfrontalière entre le Mali et la Guinée est officiellement reportée au 2 mai 2025, selon une décision conjointe des autorités des deux pays. Ce délai vise à répondre à plusieurs enjeux liés à l’agriculture, à la sécurité et au climat dans cette région d’Afrique de l’Ouest fortement marquée par les déplacements saisonniers de troupeaux.

Pourquoi le report de la transhumance entre la Guinée et le Mali ?

Chaque année, des milliers de pasteurs maliens traversent la frontière guinéenne avec leurs troupeaux à la recherche de pâturages frais en saison sèche. Toutefois, pour 2025, les autorités des deux pays ont décidé de décaler la période d’entrée au 2 mai, une mesure destinée à limiter les conflits agro-pastoraux et protéger les cultures encore sur pied.

Le ministère guinéen de l’Agriculture précise que le retard de la récolte des cultures de contre-saison dans les régions de Kankan, Mandiana et Siguiri justifie cette mesure. Des affrontements entre éleveurs et agriculteurs ont déjà été signalés par le passé, causés par le passage trop précoce des troupeaux à travers les champs encore en exploitation.

Une transhumance retardée pour préserver les ressources pastorales

Outre les préoccupations agricoles, la préservation des ressources naturelles est également au cœur de cette décision. Les pâturages en Guinée et au Mali ont souffert cette année d’un début tardif des pluies, réduisant la disponibilité en herbe pour les ruminants. Ce report au mois de mai doit permettre une régénération plus complète des zones de parcours avant l’arrivée massive des troupeaux.

Sécurité transfrontalière : une préoccupation majeure pour les éleveurs

Dans un contexte régional marqué par l’insécurité croissante au Sahel, la sécurité des éleveurs transhumants est devenue une priorité pour les deux gouvernements. La présence de groupes armés et de banditisme dans certaines zones de transhumance rend les déplacements risqués.

Ce report permet donc de mieux organiser la transhumance grâce à une coordination transfrontalière renforcée. Des patrouilles conjointes, des points de contrôle sécurisés et des comités de veille communautaires seront mobilisés pour assurer un passage paisible des troupeaux maliens en territoire guinéen.

Les éleveurs maliens face aux défis de la saison sèche

Pour de nombreux éleveurs du Mali, ce report représente une contrainte de plus dans un contexte déjà difficile. La saison sèche appauvrit les pâturages locaux, provoquant la faim et la déshydratation du bétail. “Nos animaux sont affaiblis, certains risquent de mourir avant mai si aucune aide ne nous parvient”, témoigne un berger de la région de Kayes.

Les organisations pastorales appellent les autorités à fournir des mesures d’accompagnement d’urgence : accès à l’eau, aliments pour bétail, soins vétérinaires, et zones de transit sécurisées.

Coopération régionale et gestion durable de la transhumance

Cette décision illustre une volonté commune du Mali et de la Guinée de mieux encadrer la transhumance pour en faire une activité durable, apaisée et bénéfique à tous. Le respect du calendrier officiel de transhumance, le dialogue entre communautés, et la gestion partagée des ressources naturelles restent des piliers essentiels pour éviter les conflits et renforcer la résilience agro-pastorale dans la région.

Conclusion : Un report stratégique pour prévenir les conflits et protéger les ressources

Le report de la transhumance au 2 mai 2025 entre la Guinée et le Mali n’est pas une simple formalité. Il traduit des enjeux stratégiques liés à la sécurité, à l’agriculture, au climat et à la cohabitation entre éleveurs et agriculteurs. Pour réussir, cette mesure devra s’accompagner de solutions concrètes au bénéfice des populations pastorales, particulièrement vulnérables face aux aléas actuels.

Ecrit par Mamadou Aliou Diallo

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