Dans les cuisines, les chambres, et les arrière-cours d’Amérique latine et des Caraïbes, des millions de travailleurs domestiques sans papiers vivent et travaillent dans l’ombre. Leur présence, bien que cruciale, reste largement ignorée, quand elle n’est pas simplement niée. Au sein des pays membres de la Confédération Latino-Américaine et des Caraïbes des Travailleuses et Travailleurs Domestiques (COLF), ces femmes car il s’agit majoritairement de femmes subissent des conditions de travail indignes, souvent en violation des droits humains les plus élémentaires.

L’invisibilité comme politique implicite
Ces travailleurs domestiques sans statut légal, en grande majorité migrantes, sont indispensables à l’économie informelle des pays d’accueil. Pourtant, leur situation administrative les place dans un vide juridique où l’exploitation devient la norme. Sans contrat, sans sécurité sociale, sans recours, ils travaillent de longues heures pour des salaires dérisoires, parfois même simplement pour un lit et des repas. Nombreuses sont celles qui subissent du harcèlement, des violences physiques ou sexuelles, dans un climat d’impunité quasi total.
Des lois qui excluent plus qu’elles ne protègent
Alors que certains pays comme le Brésil, la Colombie ou le Chili ont adopté des lois en faveur des travailleurs domestiques, ces textes restent largement inopérants pour celles et ceux qui n’ont pas de papiers. Le droit du travail, en théorie universel, devient ici un privilège réservé à ceux qui peuvent justifier d’un séjour régulier. En pratique, ce sont souvent les travailleurs eux-mêmes qui sont criminalisés, tandis que les employeurs abusifs échappent à toute sanction.
Un combat porté par les syndicats et la société civile
Face à ce déni de justice, des voix s’élèvent. Le COLF, aux côtés de syndicats, d’ONG et de collectifs féministes et migrants, réclame la régularisation massive des travailleurs domestiques sans papiers. Ces organisations dénoncent une forme de racisme structurel et de sexisme institutionnalisé, qui permettent que ces travailleuses souvent noires, indigènes ou issues de classes populaires soient exclues des politiques publiques et privées de toute protection.
Des alternatives existent : elles doivent être généralisées
L’exemple de l’Argentine, qui a mis en place des mécanismes pour enregistrer les travailleuses domestiques, même sans statut migratoire complet, montre que des politiques plus inclusives sont possibles. Ce modèle, s’il était généralisé, pourrait mettre fin à l’exploitation domestique, redonner de la dignité à ces travailleurs et renforcer le respect des droits des travailleurs migrants dans toute la région.
Travailler n’est pas un crime, c’est un droit
En continuant d’ignorer la réalité des travailleurs domestiques sans papiers, les États de la région perpétuent une logique d’exploitation structurelle. Il est urgent de reconnaître que celles qui nettoient les maisons, s’occupent des enfants et veillent sur les personnes âgées méritent protection, respect et régularisation. Il en va de la justice sociale, de la cohérence des politiques publiques, et surtout, de notre humanité commune.
Ecrit par Mamadou Aliou Diallo