Laval, le 22 avril 2025 Ce mardi, Laval n’était plus Laval. Pour quelques heures, la ville s’est faite terre d’accueil, terre d’écoute, et surtout, terre de reconnaissance. Car un ambassadeur guinéen en poste à Paris, Son Excellence Monsieur Senkoun Sylla, a pris le soin et le temps de se déplacer jusque dans cette Mayenne discrète, pour aller à la rencontre de ses compatriotes. Ce n’est pas rien. C’est même immense.
À l’espace SCOMAM, les fauteuils étaient à peine assez nombreux pour contenir l’émotion. On ne parle pas ici d’un simple protocole diplomatique ou d’un passage poli. Non. On parle d’un moment d’histoire pour les Guinéens de Laval. On parle d’une génération qui, trop souvent, n’a connu de l’État que l’éloignement, l’indifférence, voire l’abandon. Et qui, pour une fois, a été regardée en face, écoutée, valorisée.
Quand l’ambassadeur entre dans la salle, il serre les mains, il salue, il parle en soussou, en peulh, en malinké. Il ne lit pas un discours glacé. Il s’adresse au cœur. Il dit : « Je suis venu pour vous, parce que vous êtes la Guinée, ici. »
Et là, les langues se délient. On parle des difficultés administratives, des jeunes sans papiers, des talents invisibles. On réclame, on explique, on partage. Et l’ambassadeur répond, prend note, promet des relais, des solutions. Mieux encore : il remet, de ses mains, cinquante passeports à des ressortissants. Cinquante vies qui retrouvent un souffle, cinquante trajectoires réancrées dans une appartenance. On entend même certains dire que c’est la première fois qu’ils sentent que la Guinée les regarde.
Et ce n’est pas tout. Le soir venu, c’est l’Hôtel de Ville de Laval qui ouvre grand ses portes. Conférence, échanges, culture, musique, gastronomie guinéenne tout y est. Pas pour faire joli, mais pour dire que cette communauté n’est pas une ombre. Elle existe, elle agit, elle crée. Et elle mérite sa place, toute sa place, dans le récit national français comme dans celui de la Guinée.
L’association Guinée 53, pilier de cette journée, a montré ce que peut la force d’une diaspora organisée : rassembler, construire, défendre. Et cette visite est aussi un hommage à son engagement.
À Laval, ce mardi, c’était plus qu’une visite. C’était un acte politique. Un acte de justice. Un acte d’amour. La Guinée, cette fois, est venue vers ses enfants.
Et ils l’ont accueillie à bras ouverts, dignes, debout.
Ecrit par Mamadou Aliou Diallo