Le 7 janvier 2025, le tribunal de première instance de Kaloum à Conakry a condamné Aliou Bah, président du Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL), à deux ans de prison ferme pour « offense et diffamation » à la rencontre du président de la transition, le général Mamadi Doumbouya. Ce verdict suscite une vague d’indignation tant au niveau national qu’international, mettant en lumière la tension croissante entre le pouvoir en place et l’opposition en Guinée.

Les faits reprochés à Aliou Bah
Aliou Bah a été arrêté le 26 décembre 2024 à la frontière entre la Guinée et la Sierra Leone, alors qu’il revenait d’un séjour à l’étranger. Selon les autorités, ses propositions publiques qualifiant la gestion de la transition par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) d’« incompétente » et ses appels aux dirigeants religieux pour intervenir dans les affaires politiques auraient constitué une atteinte.
Durant son procès, Aliou Bah a maintenu sa position, dénonçant une instrumentalisation de la justice pour museler l’opposition et réduire au silence toute voix critique. Sa défense a qualifié le verdict de « symbolique d’une régression démocratique » et a annoncé son intention de faire appel

Une réaction en chaîne dans le paysage politique
La condamnation d’Aliou Bah a immédiatement suscité des réactions vives de la part des figures de l’opposition et de la société civile. Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), a dénoncé une « parodie de justice » et un « acte de répression visant à intimider tous ceux qui s’opposent à la transition ».
Des organisations de défense des droits humains, tant en Guinée qu’à l’étranger, ont exprimé leur inquiétude face à ce qu’elles considèrent comme une restriction croissante de la liberté d’expression et une dérive autoritaire. Pour plusieurs observateurs, cette condamnation pourrait marquer un tournant dans les relations déjà tendues entre la junte militaire et les acteurs politiques guinéens.
Un contexte politique de plus en plus tendu
Depuis son accession au pouvoir en septembre 2021, la junte dirigée par le général Mamadi Doumbouya fait face à des accusations de retard dans la mise en Å“uvre d’un calendrier de transition vers un régime civil. Les critiques contre l’absence de dialogue inclusif et les restrictions des libertés fondamentales s’intensifient.
La condamnation d’Aliou Bah intervient dans ce climat de méfiance généralisée et pourrait amplifier les tensions. Des manifestations sporadiques ont déjà eu lieu dans plusieurs quartiers de Conakry, où des partisans de l’opposant dénoncent une « chasse aux sorcières » et réclament sa libération.

Un appel à la vigilance internationale
Face à cette situation, plusieurs voix appellent la communauté internationale à jouer un rôle plus actif pour garantir une transition pacifique et inclusive en Guinée. Des organisations telles qu’Amnesty International ont demandé la libération immédiate de M. Bah et l’arrêt des poursuites contre les opposants politiques.
La condamnation d’Aliou Bah soulève de sérieuses questions sur l’avenir démocratique de la Guinée. Alors que le pays traverse une phase cruciale de son histoire, beaucoup craignent que cet événement ne soit qu’un prélude à une intensification des répressions politiques. En attendant l’issue de l’appel déposé par sa défense, Aliou Bah reste en détention, devenant, selon ses partisans, un symbole de la lutte pour les libertés et la justice en Guinée.
Ecrit par Mamadou Aliou Diallo