Le président de la transition guinéenne, le général Mamadi Doumbouya, a accordé une grâce à l’ancien chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, pour des « raisons de santé ». Cette décision, suscite de nombreuses réactions aussi bien sur la scène politique que dans l’opinion publique guinéenne.
Moussa Dadis Camara, âgé de 59 ans, était en détention depuis dans le cadre du procès sur le massacre du 28 septembre 2009, où plus de 150 personnes avaient perdu la vie lors d’une répression sanglante contre des manifestants au stade de Conakry. Son incarcération avait divisé l’opinion, certains y voyant un acte de justice, tandis que d’autres estimaient qu’il était un bouc émissaire d’un système plus large.
Selon un communiqué officiel, la grâce a été accordée sur la base d’une dégradation de son état de santé, ce qui justifierait une remise en liberté pour qu’il puisse recevoir des soins appropriés. Cependant, certains détracteurs y voient une décision politique plutôt qu’humanitaire.
Une grâce présidentielle qui divise l’opinion en Guinée
L’annonce de cette grâce divise la classe politique guinéenne ainsi que les organisations de défense des droits humains. Si ses partisans considèrent que l’ex-chef d’État a droit à une prise en charge médicale adéquate, d’autres redoutent que cette mesure ne sape les efforts pour rendre justice aux victimes du massacre de 2009.
L’Organisation guinéenne des droits de l’homme (OGDH) et plusieurs associations de victimes ont exprimé leur inquiétude face à cette décision, redoutant qu’elle ne soit le prélude à une impunité plus large pour les responsables des crimes commis sous la junte de Dadis Camara.
D’autres observateurs estiment que le général Doumbouya cherche à apaiser certaines tensions politiques dans un contexte de transition fragile. Cette grâce pourrait être perçue comme un geste d’ouverture envers certaines factions de l’armée et des cercles politiques toujours fidèles à l’ancien chef de la junte.
Moussa Dadis Camara : Quel avenir après sa remise en liberté ?
Avec cette grâce, l’avenir de Moussa Dadis Camara reste incertain. S’il bénéficie désormais d’une liberté relative, il pourrait être contraint à l’exil ou à une discrétion stricte pour éviter toute nouvelle controverse. Ses soutiens, quant à eux, pourraient voir dans cette décision une opportunité pour lui de se repositionner sur la scène politique guinéenne.
En attendant, la grâce accordée par le général Doumbouya relance le débat sur la justice et la réconciliation nationale en Guinée. La population et la communauté internationale suivront de près les conséquences de cette décision sur le processus de transition en cours.
Ecrit par Mamadou Aliou Diallo
