Le projet Simandou, l’un des plus vastes gisements de fer inexploités au monde, représente une opportunité colossale pour la Guinée. Cependant, son développement suscite des interrogations sur la viabilité et la gestion de ses retombées économiques. Face à ces défis, l’ancien Premier ministre guinéen, Kabiné Komara, insiste sur la nécessité d’une stratégie claire et cohérente afin d’éviter les erreurs du passé et d’assurer un avenir prospère pour la nation.

Un projet ambitieux aux multiples enjeux
Situé dans la région sud-est de la Guinée, le gisement de Simandou renferme des réserves estimées à plus de 2 milliards de tonnes de minerai de fer de haute qualité. Son exploitation implique d’énormes investissements en infrastructures, notamment la construction d’un chemin de fer de plus de 600 km reliant la mine au port en eau profonde à Forécariah. Les partenaires internationaux, notamment des groupes chinois et australiens, ont manifesté un vif intérêt, et le gouvernement guinéen a déjà signé plusieurs accords pour lancer les opérations.
Kabiné Komara met en garde contre les risques d’échec
Dans une récente déclaration, Kabiné Komara a mis en garde contre les risques liés à une mauvaise gestion du projet. Il rappelle les expériences passées de la Guinée, où de grands projets miniers n’ont pas toujours apporté les bénéfices escomptés à la population. Selon lui, plusieurs facteurs doivent être maîtrisés pour garantir le succès du projet Simandou :
- Une gouvernance rigoureuse et transparente : L’ancien Premier ministre plaide pour une gestion exemplaire des ressources minières, en insistant sur la nécessité de lutter contre la corruption et de garantir une répartition équitable des revenus.
- Des infrastructures durables : Il souligne que les investissements réalisés doivent profiter à l’ensemble du pays et non uniquement aux sociétés exploitantes. Des routes, des écoles et des hôpitaux doivent voir le jour dans les zones impactées.
- Une exploitation respectueuse de l’environnement : La biodiversité guinéenne étant riche et fragile, Komara insiste sur l’importance de mesures strictes pour réduire l’impact écologique de l’extraction minière.
- Une valorisation locale des ressources : Il appelle à une industrialisation progressive permettant à la Guinée de transformer localement une partie de son minerai au lieu de l’exporter à l’état brut.
Les attentes du gouvernement guinéen
Le gouvernement de transition dirigé par le Général Mamadi Doumbouya a réaffirmé son engagement à faire du projet Simandou un moteur de développement. Il a mis en place des comités de suivi et des négociations avec les investisseurs pour s’assurer que les intérêts de la Guinée soient préservés. Des consultations sont également en cours pour associer les communautés locales à la planification du projet.
Conclusion
Le projet Simandou pourrait transformer l’économie guinéenne à l’horizon 2040, à condition que sa mise en œuvre soit rigoureusement encadrée. Les recommandations de Kabiné Komara soulignent l’importance d’une vision à long terme pour éviter que ce projet phare ne se transforme en désillusion. La réussite de Simandou dépendra donc de la volonté politique, de la transparence et d’une gestion équilibrée entre intérêts économiques, sociaux et environnementaux.
Ecrit par Mamadou Aliou Diallo